Interview du directeur Général

Interview du directeur Général

Le Directeur Général du MPN à Horizons : « La pêche artisanale contribue à l’emploi des jeunes et des franges pauvres de la population »

Parmi les activités littorales, la pêche artisanale est l’une des plus anciennes et qui demeure encore aujourd’hui une des plus visibles pour les populations riveraines. Elle est aussi de leurs principales sources d’emploi et de revenu au niveau local. Le Directeur Général du Marché au Poisson de Nouakchott (MPN), M. Cheibete Habib Sidi Maouloud, nous en dit plus au cours d’une interview qu’il a accordée au quotidien national Horizons. Il a notamment révélé qu’environs « 60.000 petits et moyens pêcheurs utilisent des pirogues et naviguent en mer pour gagner leur pain dans la vie ». C’est dans ce cadre, indique-t-il, que « le MPN constitue un secteur important et sensible. Il contribue beaucoup à l’emploi des jeunes et des franges de la population qui peuvent commencer à partir de rien pour réaliser des activités génératrices de revenus ». Le premier responsable du MPN a encore déclaré que « les taxes sur les vendeurs du marché ne sont pas couvertes à 100% puisque ceux-ci sont pour la plupart des chefs de ménages pauvres. Donc, nous considérons cet aspect social de nos populations qui sont là au MPN pour avoir leur pain quotidien ».

Horizons : La pêche artisanale demeure un pilier de l’économie nationale, notamment en matière d’approvisionnement des populations locales. Quelle est votre nouvelle approche pour développer le secteur ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Tout d’abord, je remercie le quotidien Horizons pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur un sujet aussi important que la pêche artisanale qui a des répercussions positives sur la vie de nos populations.

 Pour répondre à votre question, dans le cadre du développement de la pêche artisanale, nous avons exigé l’application des mesures de sécurité appropriées des pêcheurs pour limiter leurs décès et protéger leurs biens. Aussi, un projet de construction de halles conforme aux normes internationales, est en cours de réalisation pour la sécurité et l’hygiène sanitaire des produits halieutiques exposés pour la vente. J’ajoute que nous travaillons actuellement sur un dispositif de stérilisation des caisses de conservation des poissons et les outils et matériels utilisés pour sa commercialisation et ce dans le souci de protection et de santé du citoyen et répondant aux normes internationales d’hygiène en forme ISO.

Horizons : Ces derniers temps, on parle beaucoup de préservation des ressources halieutiques. Quelles sont, actuellement, les mesures appropriées que vous préconisez pour y arriver ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Je peux vous dire que plusieurs mesures ont été prises dans ce domaine. On peut citer, entre autres, la préservation de l’environnement côtier contre la pollution. Nous agissons ainsi à travers le suivi des contrats de nettoyage et la sensibilisation des pêcheurs et des usagers sur la propreté du milieu marin. Nous insistons aussi sur le suivi de la pêche et l’exigence d’utilisation des filets légalement autorisé, le strict respect de la « période de repos biologique », où de nombreux types d’activités de pêche maritime sont arrêtés pendant une période déterminée. Surtout dans des zones marines menacées par le déclin de leur richesse marine en tant que résultat d’une exploitation intensive, et c’est la période scientifiquement déterminée par la reproduction des poissons, car les navires arrêtent leur activité pendant un certain temps.

Horizons : Venons-en à la formation des pêcheurs artisanaux. Où en êtes-vous par rapport à ce volet ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Je trouve que la formation ne s’arrête jamais car les sciences et les technologies avancent : on innove, on évolue… A ce titre, les pêcheurs doivent subir des formations continues pour le renforcement de leurs capacités pour assurer un bon développement de leurs activités dans la durabilité. Je pense que cela constitue une priorité pour le MPN.

Horizons : Existe-il une politique de transformation sur place des produits de notre pêche artisanale ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Le MPN dispose des usines de traitement et transformation des produits de la pêche artisanales. Ces usines se trouvent dans la même zone géographique que le MPN et sont conformes aux normes internationales.

Horizons : Les financements sont le nerf de la guerre. Quelles sont justement vos sources de financement pour mieux entreprendre dans le secteur ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Les financements constituent effectivement des sources extrêmement importantes pour l’atteinte de nos objectifs surtout que les ressources du MPN sont des recettes propres collectées à travers le loyer des terrains de son domaine, de ses boutiques, des frais sur les visiteurs du MPN. Il faut compter en plus des taxes sur les vendeurs du marché même si ces dernières ne sont pas couvertes à 100% puisque ceux-ci sont pour la plupart des chefs de ménages pauvres. Donc, nous considérons cet aspect social de nos populations qui sont là au MPN pour avoir leur pain quotidien. Parmi eux, on cite, entre autres, de petits marchands ambulants, des vendeurs de cacahouètes, de beignets, de fruits traditionnels de la place, de boissons locales comme bissap, le pain de singe etc.

Horizons : La pollution marine en général menace fortement le développement de nos ressources halieutiques. Quels sont les mécanismes utilisés pour y faire face ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Nous ferons inchallah de notre mieux pour limiter l’effet de la pollution sur notre côte et prendrons toutes les dispositions nécessaires pour assurer son hygiène et sa propreté. Il y’aura également des campagnes de traitement des eaux usées et des matières pour la conservation de l’environnement.

Horizons : Les populations imraguen sont une partie importante de nos pêcheurs artisanaux. Qu’est ce qui a été fait pour développer leurs activités et developper leurs villages ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : En ce qui nous concerne, nous ne faisons pas payer aux Imraguens des frais sur leur poisson. Par ailleurs, nous mettons à leur disposition des locaux afin d’y stocker et conserver leurs produits. C’est dans ce domaine que nous collaborons avec eux.

Hozrizons : Où en-êtes-vous avec la mauritanisation des pêcheurs artisanaux ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : La mauritanisation des pécheurs artisanaux est très importante pour nous et est l’un de nos objectifs sur lequel nous travaillons sans cesse mais nous faisons face à des défis comme la mentalité de certains jeunes mauritaniens que nous invitons à s’orienter vers ce domaine essentiel qui constitue un secteur prometteur.

Horizons : La pêche artisanale est-elle seulement l’apanage des hommes. Quelle est votre politique d’emploi des femmes ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Je pense que la pêche artisanale n’est pas réservée aux hommes uniquement malgré la réticence affichée de certaines femmes pour aller en mer compte tenu des risques qu’elles peuvent rencontrer mais elles travaillent dans toutes les autres activités de la pêche artisanale. Pour le MPN, les femmes sont actuellement une partie importante du personnel et nos portes sont grandement ouvertes devant celles qui souhaitent y accéder.

Horizons : La qualité des produits de pêche est nécessaire. Quels sont vos mécanismes du contrôle de qualité ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Nous œuvrons au strict respect des mesures de sécurité et de santé dans les halles. Nous travaillons actuellement sur la construction d’autres halles pour que l’exposition des produits du marché soit dans des conditions qui respectent la qualité de ces produits et la conservation de leur santé et la validité pour se conformer aux normes internationales. D’autres projets sont en cours pour améliorer la qualité des produits et mettre les mécanismes de contrôle nécessaires.

Horizons : Avez-vous autre chose à révéler ?

Cheibete Habib Sidi Maouloud : Le MPN est une institution importante et sensible. Elle contribue beaucoup à l’emploi des jeunes et des franges de la population qui peuvent commencer à partir de rien pour réaliser des activités génératrices de revenus. Il y a, en plus, des petits et moyens pêcheurs qui utilisent des pirogues et naviguent en mer pour gagner leur pain. Ces pêcheurs sont au nombre d’environ 60.000. Le temps et les efforts actuels de stationnement de ces pirogues sont très importants vue l’absence des débarcadères car toute une équipe, des dizaines d’hommes, doit être mobilisée pour pousser ces pirogues vers la rive afin de stationner. Ils font d’énormes efforts physiques pour y arriver. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire et urgent de construire des débarcadères pour permettre aux milliers de pirogues de se stationner de la façon la plus rapide et la plus optimale afin d’accélérer et de faciliter le débarquement des poissons. Nous sommes actuellement à la recherche de financement de construction de ces débarcadères. Nous travaillons également sur d’autres projets comme la construction de voiries pour les routes du marché pour la sécurité des camions transportant de poissons. Nous sommes optimistes pour l’avenir et pensons que tout ira dans le meilleur du monde.

Le Directeur Général du MPN à Horizons : « La pêche artisanale contribue à l’emploi des jeunes et des franges pauvres de la population »